Je m'oublie, un peu, beaucoup, passionnément.
Je m’oublie, un peu, beaucoup, passionnément.
Voilà que je m’oublie tout à fait
dans la lancinance de mon histoire
et que je flirte avec les déboires
en me tressant un avenir contrefait.
Mêlé dans mes appartenances
insouciant aux compromis pervers
et fièrement habillé comme un ver
je me mendie une permanence.
Dressé pour confusions entretenues
ballotté à en perdre l’horizon
manipulé à en perdre raison
je me digère l’instant venu.
Assis sur des ambiguïtés bien cultivées
mal branché avec mes racines
avec mes symboles devenus rapines
ma boussole est en passe de s’égarer.
J’ai l’histoire endolorie
par une paresse de mémoire
négligeuse de ses grimoires
qu’elle condamne au pilori.
J’ai la souvenance en souffrance
la pertinence sournoisement contestée
et dans mon repli linguistique constaté
j’abandonne le gouvernail à l’insignifiance.
J’ai les réminiscences en vacances
sur plages d’ignorance coupable
ou dans paradis de démission palpable
à bourlinguer dans une mare de carences.
J’ai l’avenir sans connaissance
strangulé dans des murmures
fossilisés dans mes commissures
en liste pour l’évanescence.
J’ai mal à mon enseignement
qui oblitère mes luttes passées
et qui m’invite à m’enrouler
dans le linceul de mon effacement.